The Merge : Ethereum est-il devenu une effrayante machine à censurer ?
Depuis le passage d’Ethereum au Proof-of-Stake (The Merge), de trop nombreux relais entre validateurs et producteurs de blocs suivent à la lettre les injonctions de l’Office of Foreign Assets Control (OFAC). Or, cet organe du département du trésor américain impose la censure de certaines transactions. Explications.
Ethereum : que sont les relais MEV-Boost ?
Les relais MEV-Boost (Maximum Extracted Value) implémentent la proposition de Vitalik Buterin nommée Proposer-Builder Separation (PBS). Cette méthode permet aux nœuds validateurs du réseau de maximiser leurs gains.
La séparation entre les nœuds validateurs proposant des blocs et les nœuds producteurs crée un marché, optimisant les récompenses de staking. Les validateurs utilisant le MEV-Boost peuvent ainsi vendre l’espace (mémoire) dédié aux blocs aux producteurs. Sans entrer dans les détails, cela permet notamment d’éviter que les plus gros pools proposant des blocs optimisent leurs gains au détriment des autres.
L’implémentation du MEV-Boost est open-source et conçue par Flashbots. Les validateurs l’utilisant peuvent alors augmenter leurs récompenses de staking d’environ 60 %.
Cependant, cette méthode a un impact sur la résistance à la censure d’Ethereum. En effet, ces relais peuvent choisir les transactions qu’ils incluent dans leurs blocs. Il va sans dire que de nombreux régulateurs souhaitent censurer les transactions associées à certaines adresses. Désormais, plus de la moitié des blocs soumis par ces relais depuis The Merge suivent les recommandations de l’OFAC.
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L’OFAC américain et la censure financière
L’OFAC, pour Office of Foreign Assets Control, est l’organe du Département du Trésor étasunien chargé d’administrer et d’appliquer les sanctions économiques et commerciales du pays. Il a notamment été évoqué dans nos colonnes lors de l’affaire Tornado Cash. Ce service de mixage pour Ethereum est ainsi accusé d’avoir servi à blanchir l’équivalent de 7 milliards de dollars en cryptos.
Il va sans dire que l’OFAC a les moyens de faire pression hors du territoire américain. Malheureusement, ses règles et ses sanctions sont à géométrie variable, comme l’a montré l’affaire des FinCEN leaks en 2020.
Selon le site MEV Watch, plus de la moitié des blocs des relais MEV-Boost appliquent les mesures imposées par l’OFAC depuis le 14 octobre :
Il en est de même si l’on observe régulièrement les 100 derniers blocs soumis par ces relais :
Cette nouvelle est donc inquiétante pour les défenseurs de la résistance à la censure, une des raisons d’être des cryptomonnaies. Nous ne nous étendrons pas dans cet article sur les motifs des régulateurs, vantant les mérites d’un monde digne de 1984 où les transactions financières sont surveillées en permanence, par des entités à l’éthique et à la géométrie variable.
Que faire en tant que validateur ?
Les validateurs du réseau Ethereum souhaitant renforcer sa résistance à la censure peuvent refuser d’inclure ces relais MEV-Boost dans leur fichier de configuration. Les trois relais les plus importants refusant de se plier aux injonctions de l’OFAC sont les suivants :
- BloXroute Max Profit :
- BloxRoute Ethical :
- Manifold :
Cette nouvelle n’est pas de bon augure pour l’avenir de la résistance à la censure d’Ethereum et des cryptomonnaies en général. Les régulateurs ont déclaré la guerre aux partisans de la liberté financière, et cela ne semble pas près de cesser.
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Morgan Phuc
Cofounder @ 8Decimals - Partner @ Node Guardians - Journal du Coin / Trading du Coin / BitConseil
