Cryptomonnaie et DeFi en danger ? Les mixers dans le viseur de la régulation

Si vous êtes dans les cryptos depuis quelques temps, il a pu vous arriver d’avoir besoin d’un surplus de confidentialité et d’anonymat lors de vos transactions. Pour ce faire, vous avez sûrement dû avoir eu recours à ce qu’on appelle des mixers. Malheureusement, à mesure que les cryptomonnaies gagnent en popularité et que les hacks se multiplient, les mixers commencent à souffrir d’une mauvaise pub, puisqu’ils permettent souvent de couvrir ses traces après un crypto-casse. De ce fait, les régulateurs commencent à surveiller ces solutions du coin de l’œil… Cela sonne-t-il bientôt le glas des mixers ?

Mixers et anonymat

Les mixers ont à l’origine vu le jour sur le réseau Bitcoin (BTC), car ils répondaient à un besoin d’anonymisation pour certaines transactions. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle, le Bitcoin est souvent associé à une cryptomonnaie destinée aux activités illicites par les régulateurs et les no-coiners.

Le fonctionnement des mixers est assez simple, puisqu’il s’agit de mélanger vos fonds à d’autres plus importants. Puis, il vous suffit ensuite de les envoyer à l’adresse du destinataire. Le mixer sert donc d’intermédiaire entre les deux adresses. Ce qui permet de casser le lien entre celui qui a envoyé les fonds et celui qui les reçoit.

Il existe deux grands types de mixers :

  • les mixers centralisés qui échangent vos bitcoins moyennant des frais souvent estimés entre 1% et 3% du montant.
  • et les mixers décentralisés qui sont des protocoles P2P permettant à des grands groupes d’utilisateurs de mettre en commun une quantité importante de cryptomonnaies afin de les mélanger.

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Des mixers de moins en moins pertinents

CoinTelegraph s’est entretenu avec Marie Tatibouet, la directrice du marketing de l’exchange Gate.io, dans le but de savoir laquelle de ces deux solutions serait la plus efficace pour couvrir ses traces :

« Les services centralisés sont évidemment plus accessibles. Cependant, ils auront accès à vos adresses Bitcoin et IP. Par conséquent, ils ne sont pas le service le plus privé au monde. Les mélangeurs décentralisés peuvent être un peu moins accessibles, mais ils sont beaucoup plus privés. »

Marie Tatibouet, directrice marketing de l’exchange Gate.io

L’anonymat est somme toute relatif en fonction de celui qui est utilisé. De plus, les mixers décentralisés nécessitent certaines connaissances qui visent les utilisateurs les plus confirmés.

Tornado Cash est un protocole décentralisé qui permet d'anonymiser les transactions sur Ethereum

L’un des mixers les plus souvent utilisés lors de hacks de protocoles DeFi est Tornado Cash. Si bien que le protocole en question a récemment décidé de blacklister certaines adresses Ethereum afin de lutter contre le blanchiment d’argent.

L’écosystème crypto, le berceau de la cybercriminalité ?

Fin mars, une eurodéputée avait fait un raccourci malheureux entre les cryptomonnaies et des activités illicites perpétrées par des criminels, afin de justifier les propositions du parlement européen sur les cryptos.

Cependant, bien que les volumes liés à la cybercriminalité puissent être importants, les activités illégales et les mixers ne sont l’apanage que d’une certaine frange des utilisateurs de cryptomonnaies. D’autant plus que ces volumes représentent une part dérisoire des transactions en cryptomonnaies.

D’après le rapport de Chainalysis intitulé Crypto Crime Report 2022, 14 milliards de dollars ont transité sur des adresses dites « illicites ». Ce qui est 2 fois plus qu’en 2021. La majorité de ces fonds proviennent majoritairement d’arnaques et de fonds volés (cf : diagramme ci-dessous) :

La valeur des cryptomonnaies réceptionnées par des adresses illicites ont doublé en 2021
Valeur totale des cryptomonnaies reçues par des adresses illicites, source : Chainalysis

Cependant, l’activité criminelle ne représente qu’une part infime du total de volume de transactions effectuées en 2021, d’autant plus que nous pouvons constater une baisse drastique de ce pourcentage après un pic en 2019. Ce pic s’explique en partie par l’explosion des protocoles basés sur des pyramides de ponzi à cette époque.

Les transactions illicites ne représentent que 0.15% du volume total de transactions en cryptomonnaies
Part du volume de transactions illicites par rapport au volume de transaction total, source : Chainalysis

Les activités illicites souvent imputées aux cryptomonnaies et son écosystème semblent mal comprises par certains régulateurs. C’est d’ailleurs ce que dénoncent une quarantaine d’acteurs européens concernant la loi MiCa. La réactivité des exchanges crypto est primordiale dans la lutte contre les activités criminelles, qui ont déjà bloqué des adresses de hackers. L’un des exemples les plus flagrants fut le bannissement de plusieurs adresses liées au hack d’Axie Infinity par Binance.

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Grégory De Wageneer

Mon parcours est assez classique. J'ai décidé de miner, puis d'acheter des bitcoins dans une optique de spéculation après une expérience entrepreneuriale. Mais plus mes recherches sur Bitcoin s'intensifiaient et plus mon intérêt pour lui grandissait. J'ai fini par comprendre, que la blockchain est à la monnaie et la finance ce qu'Internet est devenu aux moyens de communication : une évidence.