ACINQ : Bpifrance investit dans le Lightning Network de Bitcoin

Belle journée pour l’écosystème Bitcoin français. La jeune pousse ACINQ vient d’annoncer avoir bouclé une levée de fonds pour un total de 7 millions d’euros. La startup française a notamment pour objectif d’accélérer les développements puis l’adoption du Lightning Network de Bitcoin. Pour respectable que soit le montant récolté, c’est surtout la présence de Bpifrance (Banque Publique d’Investissements) dans le pool d’investisseurs, pour un montant d’un million d’euros, qui retiendra l’attention.

Voilà donc l’Etat français qui vient plus ou moins indirectement de faire le pari du Bitcoin.

ACINQ, de jeune pousse à licorne ?

Nous en parlions déjà fin-2018. La start-up française ACINQ venait alors de mener à bien sa première levée de fonds pour un montant de 1.4 millions d’euros. Un peu plus tôt cette année là, ACINQ avait présenté son wallet « Éclair », l’un des premiers wallets mobiles Lightning fonctionnels, faisant jouer la jeune pousse parisienne dans la même cour que des acteurs comme Blockstream ou Lightning Labs.

1 an plus tard, ACINQ transforme donc l’essai – c’est de circonstance – en annonçant par communiqué de presse avoir bouclé un nouveau tour de financement, pour un montant de 7 millions d’euros.

Si la somme est honorable et permettra à la fois de faire croître l’équipe et de parfaire des produits rendant accessible la technologie Lightning Network de Bitcoin au plus grand nombre, c’est bien la qualité du panel d’investisseurs qu’il convient de souligner. L’objectif ? Que la petite structure s’inspire de prestigieux précurseurs français comme Ledger et se métamorphose en fringante licorne technologique !

De l’argent public dans un projet Bitcoin

Au rang des capital-risqueurs ayant contribué à la levée de fonds, on trouve deux sociétés qui pèsent dans le game : d’abord Idinvest, un leader européen du financement des start-ups valorisé 8 milliards d’euros ; mais aussi Serena, société fondée en 2008 et déjà présente dans 40 entreprises technologiques, pour un montant cumulé de 350 millions d’euros.

Mais c’est bien évidemment la présence de Bpifrance qui attire le plus d’attention, même si sa participation à hauteur de 1 million d’euros demeure minoritaire dans la levée de fonds. Une participation loin d’être symbolique pour autant, et surtout la première fois que Bpifrance rentre sous cette forme au capital d’une start-up orientée crypto.

L’événement démontre une fois encore qu’un changement de paradigme s’opère vis-à-vis de Bitcoin et de ses technologies, y compris de la part d’acteurs plutôt réputés pour leur conservatisme. Véronique Jacq, directrice du pôle investissement numérique de Bpifrance, enfonce le clou :

« Bitcoin est sur le point de devenir la monnaie de l’ère numérique, mais son histoire ne fait que commencer. Lightning Network lui permettra d’évoluer vers une nouvelle dimension et de devenir universelle. Nous sommes heureux et fiers de pouvoirs accompagner ACINQ, un champion français, qui est un des leaders mondiaux de cette technologie. »

Rendre Bitcoin accessible au plus grand nombre

L’équipe de ACINQ a bien voulu répondre à quelques questions pour le Journal du Coin.

S’agissant du modèle d’affaires de ACINQ, Fabrice Drouin, co-fondateur et CTO de l’entreprise, fait preuve de mesure et contextualise le projet dans l’évolution globale de Bitcoin :

« Il est trop tôt pour parler de business model précis tant Bitcoin et Lightning restent des projets au long cours. Notre objectif principal est de continuer à concevoir et déployer un protocole qui soit le plus fiable et efficace possible: nous travaillons sur des wallets destinés aux utilisateurs finaux (Eclair mobile), des API pour un accès facile pour les marchands (Strike) et un nœud de paiement le plus sûr et performant possible, et dont nous sommes le premier client. »

M. Drouin insiste sur la posture de la start-up, qui remet l’open source et la gratuité au centre du jeu. Pour autant, il est possible d’imaginer certains modèles rémunérateurs qui dépendront naturellement là aussi de l’évolution du réseau Bitcoin :

« Cela n’empêche pas de construire des services au-dessus, ou d’opérer des nœuds de paiements qui prélèvent des frais de transactions (très réduits par rapport aux réseaux de paiements traditionnels). »

Et s’agissant du fait que du consensus général il est compliqué – même pour des opérateurs de nœuds importants du réseau Lighting – d’en extraire un quelconque revenu pour l’heure, le CTO se veut rassurant.

« Nous sommes effectivement un des développeurs principaux du protocole et un des opérateurs majeurs de Lightning, en terme de liquidité et aussi de volumes de transaction, mais sur un réseau qui reste modeste aujourd’hui. Lightning grandira lentement, via les utilisateurs Bitcoin existant dans un premier temps. Le premier facteur de croissance sera la fiabilité et la qualité du réseau. »

Enfin, Fabrice Drouin insiste sur l’importance de la prudence et du temps long, valeurs largement partagées dans la communauté Bitcoin.

« Le développement se fait de façon très conservatrice : c’est une des caractéristiques des développeurs Ligthning, et de Bitcoin plus généralement. »

Quand à l’entrée de Bpifrance au capital de la start-up, le fondateur y voit une démonstration du fait que « la proposition de valeur de Bitcoin et son potentiel extraordinaire sont de plus en plus évidents », justement parce que « le buzz autour des ICO et de la blockchain est enfin retombé ».  De bonne augure pour la suite, probablement.

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