Cryptomonnaies et moyennes mobiles : un indicateur pratique pour identifier une tendance
Après avoir appréhendé les bases de ce qu’est une tendline, nous allons, dans ce nouvel article des Louveteaux de Wall Street nous attaquer à la notion de moyenne mobile. Savoir identifier une tendance se révèle indispensable pour optimiser vos points d’entrée ou de sortie dans le cadre de vos investissements. Les indicateurs proposés par l’analyse technique peuvent grandement vous aider. Et s’il y en a un d’entre eux qui doit sortir du chapeau, il s’agit des moyennes mobiles, car elles sont d’une simplicité d’un point de vue pratique.
En un coup œil, l’évolution des moyennes mobiles vous apporte un début de réponse au sujet de la tendance de l’actif sous-jacent : haussière, baissière ou neutre. Cela les rend incontournables auprès des investisseurs du monde entier, au point qu’ils en fassent un outil de base ou de complément dans leurs stratégies d’investissement.
Dans ce volet, nous passons en revue les principaux types de moyennes mobiles et leurs modes de calcul respectifs après une présentation explicative. Ensuite, nous montrerons comment les utiliser et interpréter les signaux techniques à travers des études de cas sur le Bitcoin. Et en bouquet final, nous évoquerons les avantages et les inconvénients de cet indicateur technique.
Qu’est-ce qu’une moyenne mobile ? À quoi ça sert ?
La moyenne mobile (MM) représente une moyenne des cours de clôture sur une période donnée. Elle est considérée comme mobile, car elle est réévaluée quand la période évolue. Selon l’unité de temps choisie, la moyenne change de jour en jour, de semaine en semaine, de mois en mois, …
La moyenne mobile suit l’évolution des cours d’un actif sous-jacent avec l’objectif de distinguer une tendance claire. Elle a la particularité de lisser les mouvements volatils ou instables. Dans certaines configurations graphiques, la moyenne mobile pourrait éventuellement jouer le rôle de ligne de tendance, de support ou de résistance.
Nous soulignerons que plus la période de la moyenne mobile sera élevée, plus la courbe sera lisse et moins réactive aux mouvements futurs de l’actif sous-jacent. Par exemple, comme le montre l’image ci-dessus, la moyenne mobile arithmétique à 200 jours (MMA 200 jours) est moins sensible à court terme que la MMA 20 jours suite à la consolidation du Bitcoin amorcée dès le 7 mars 2023.
Ainsi, le choix de la période risque de conditionner votre horizon d’investissement. En unités journalières, un investisseur de long terme va privilégier les moyennes mobiles au-delà de 100 périodes. Pour des moyennes mobiles allant de 20 à 100 et en deçà des 20, elles seront adaptées respectivement pour des investissements de moyen terme et court terme.
3 trois types de moyennes mobiles majeures à connaître
Lorsque nous consultons des plateformes d’analyse technique, comme TradingView, ProRealTime ou consorts, trois types de moyennes mobiles sortent du lot pour lisser les données des cours dans le but d’identifier une tendance. Chacune d’entre elles se démarque par son mode de calcul et par son interprétation graphique.
La moyenne mobile arithmétique (MMA)
La moyenne mobile arithmétique est la plus couramment utilisée par bon nombre d’investisseurs. Elle est aussi très familière du grand public lors de nos études primaires, secondaires et supérieures. Il suffit de diviser l’ensemble des derniers cours glissants sur une période donnée qui, elle-même, peut être mesurée sur n’importe quelle unité de temps (minute, heure, jour, semaine, mois, trimestre ou année).
MMA = ∑ cours de N / NPériode donnée
∑ : somme ; N : nombre de périodes
Par exemple, une MMA 50 jours est calculée en additionnant les cours des 50 derniers jours glissants, puis en divisant cette somme par 50 pour obtenir le résultat final. Une fois calculée, nous observons que la moyenne mobile arithmétique accorde autant de poids sur tous les cours de la période donnée. Cela explique pourquoi elle est moins sensible aux changements de tendance des cours par rapport à d’autres types de moyennes mobiles.
La moyenne mobile exponentielle (MME)
La moyenne mobile exponentielle attache de l’importance aux données des cours les plus récentes. De facto, les données des cours les plus antérieures pèsent moins sur le calcul de la MME, mais gardent néanmoins une influence. Pour l’obtenir, il suffit d’additionner la MME de la veille et le multiplicateur du cours actuel déduit de la MME de la veille.
MME = MME(N-1) + M x (Cours(N) – MME(N-1))
MME(N-1) : moyenne mobile exponentielle de la veille ; M : multiplicateur ; Cours(N) : Cours actuel
D’une point de vue graphique, la moyenne mobile exponentielle épouse activement les changements de tendance des cours en ayant un temps d’avance sur les autres types de moyennes mobiles.
La moyenne mobile pondérée (MMP)
La moyenne mobile pondérée met en valeur les données des cours les plus récentes. Mais à la différence de la MME, on ajoute un coefficient de pondération qui sera décroissant du cours le plus récent au plus ancien.
MMP = (Cours(N) x P + Cours(N-1) x (P-1) +…..+ Cours(Npériode)) / ∑ P
P : coefficient de pondération ; P-1 : coefficient de pondération de la veille ; Cours(N) : Cours actuel ; Cours(N-1) : Cours de la veille ; Cours(Npériode) : Dernier cours de la période donnée ; ∑ P : somme des coefficients de pondération
Dans le cas d’une MMP 50 jours, ce coefficient de pondération sera de 50 pour le cours le plus récent, 49 pour celui de la veille, 48 pour celui d’avant-hier, et ainsi de suite jusqu’à 1 pour celui d’il y a 50 jours.
Sur le plan graphique, la moyenne mobile pondérée jouit d’une analyse entre deux eaux. D’une part, elle réagit à l’évolution récente des cours et est donc plus en avance par rapport à la MMA. Et d’autre part, elle est moins volatile que la MME compte tenu du poids du coefficient de pondération sur chaque cours de la période donnée.
Étude de cas du Bitcoin en unités journalières
La MME 200 jours réagit rapidement aux mouvements des cours du Bitcoin (BTC) en unités journalières. Mais elle a conduit les investisseurs à l’erreur en pensant que la rupture des cours sous cette moyenne mobile était un signal de vente. Avec plus de sang froid, ils auraient dû se fier à la MMA 200 jours qui est plus inerte aux récentes montagnes russes du roi des cryptos depuis la mi-février dernier.
La MMA 200 jours qui évolue encore horizontalement a parfaitement joué son rôle de support, non loin des 20 000 dollars ou de l’ATH de 2017. Les turbulences du stablecoin USDC ont constitué le catalyseur du puissant rebond du BTC jusqu’au 26 000 dollars, ce qui permet aux bulls de souffler un bon coup en voyant les cours au-delà des moyennes mobiles respectives.
En ce qui concerne la MMP 200 jours, elle s’est révélée comme une résistance oblique majeure en novembre 2022, au moment de l’affaire FTX. Mais elle a aussi servi de point d’appui pour préserver le rebond prodigieux du roi des cryptos depuis le début de l’année 2023.
Identifier les signaux techniques des moyennes mobiles
Comme tout indicateur présent sur un graphique, les moyennes mobiles nous donnent droit à divers signaux techniques. L’investisseur doit, non seulement les identifier, mais aussi savoir les contextualiser par rapport à l’environnement de marché, l’évolution tendancielle du cours de l’actif sous-jacent et l’éventualité d’une figure chartiste. Dans le cas présent, nous prenons en exemple le cours du Bitcoin avec les MMA.
Mais avant d’attaquer le plat de résistance, une question taraude bon nombre d’investisseurs. Il faudrait savoir quelle est l’unité de temps la plus adaptée pour utiliser les moyennes mobiles. Concrètement, il n’y a pas de réponse idéale. Nous pouvons très bien nous pencher tant sur l’unité journalière qu’hebdomadaire, même si certains investisseurs les plus avisés ont recours à l’unité mensuelle pour évaluer la tendance de fond du Bitcoin.
Les croisements entre les cours et les moyennes mobiles
Lorsque nous superposons le cours du Bitcoin et celui de la moyenne mobile, l’investisseur cherchera à identifier leur croisement. Deux signaux techniques sont possibles :
- Des cours qui croisent à la hausse la moyenne mobile soutiennent un mouvement acheteur déjà en cours ;
- Des cours qui croisent à la baisse la moyenne mobile soutiennent un mouvement vendeur déjà en cours.
Une moyenne mobile d’une période longue pèsera chèrement dans la balance en cas de croisement, avec la conséquence que le mouvement s’enliserait dans la durée et que cela enverrait un message majeur en termes de tendance et de psychologie de marché.
Dans l’exemple, le graphique représente le Bitcoin et la MMA 50 semaines depuis juillet 2018. Dès fin avril 2019, les cours ont croisé à la hausse leur MMA 50 semaines. Cela est analysé comme un signal d’achat. Le roi des cryptos a enclenché un mouvement de hausse jusqu’à la zone des 12 000 dollars entre juin et août 2019.
En mars 2020, la crise a fait flancher le Bitcoin sous la MMA 50 semaines et vers les 4 000 dollars. Mais cette péripétie baissière a été rapidement rattrapée dès mai 2020 avec un nouveau croisement des cours au-delà de la MMA. Cela a contribué successivement au franchissement des 12 000 dollars en mi-octobre 2022 et une série de 9 semaines positives sur les 11 entre le 26 octobre 2020 et le 10 janvier 2021 pour de nouveaux plus hauts historiques. Ces deux signaux ont donné plus de relief au bull run de 2021.
C’est à partir de janvier 2022 que les choses se sont gâtées. En effet, les cours ont croisé à la baisse la MMA 50 semaines pour amorcer une vague de correction jusqu’aux 35 000 dollars qui, malheureusement, n’était qu’un prémisse du bear run jusqu’à la zone des 16 000 dollars fin décembre 2022.
Désormais, après une envolée de près de 70 % depuis le début de l’année 2023, le Bitcoin a franchi récemment la MM50 semaines, au point que nous avons le sentiment qu’un retournement de tendance pourrait se dessiner au cours des prochaines semaines.
Les croisements entre plusieurs moyennes mobiles
L’autre alternative pour identifier une tendance est d’utiliser conjointement plusieurs moyennes mobiles : une pour le court-moyen terme pour des périodes allant subjectivement de 20 à 50 et l’autre pour le long terme de 100 à 200 périodes. Entre deux MM, deux signaux techniques sont possibles :
- La MM courte qui croise à la hausse la MM longue soutient un mouvement acheteur déjà en cours ;
- La MM courte qui croise à la baisse la MM longue soutient un mouvement vendeur déjà en cours.
Entre les cours et les deux MM, il existe plusieurs cas de figure :
- Les cours qui croisent à la hausse les deux MM soutiennent un mouvement acheteur déjà en cours ;
- Les cours qui croisent à la baisse les deux MM soutiennent un mouvement vendeur déjà en cours ;
- Dans un croisement haussier, les cours qui se situent sous la MM courte et au-dessus de la MM longue signifient que la tendance reste favorable, mais que des prises de bénéfices ont lieu ;
- Dans un croisement baissier, les cours qui se situent sous la MM longue et au-dessus de la MM courte signifient que la tendance reste défavorable, mais que la pression vendeuse se tasse partiellement.
Dans l’exemple, le graphique représente le Bitcoin et les MMA 50 et 200 jours depuis avril 2022. Le 15 janvier 2022, la MMA 50 jours a croisé à la baisse la MMA 200 jours. Ce signal a été la conséquence d’un mouvement de baisse des cours ayant commencé depuis le dernier ATH en novembre 2021.
Durant le bear run, les cours ont alterné les croisements haussiers et baissiers par rapport à la MMA 50 jours sans pour autant se rapprocher de la MMA 200 jours. Nous remarquons que le roi des cryptos est resté en dessous de la MMA 200 jours tout au long de l’année 2022.
Le rebond de début d’année 2023 a permis de combler progressivement l’écart entre la MMA 50 et la MMA 200 jours. En voyant le BTC revenir à hauteur de la zone des 24 000-26 000 dollars, nous avons assisté à leur croisement haussier. Du 21 février au 10 mars dernier, les cours sont redescendus sous la MMA 50 jours, mais ils se sont appuyés solidement sur la MMA 200 jours pour poursuivre le rebond actuel en direction des 30 000 dollars.
Au gré des différents signaux sur les graphiques, nous constatons un effet d’inertie au sujet de l’évolution des moyennes mobiles. D’une part, les croisements entre les cours et les MM ou entre plusieurs MM interviennent en décalage par rapport à un retournement de tendance des cours. D’autre part, les moyennes mobiles sont un indicateur qui conforte un mouvement déjà affirmé de plusieurs périodes dans un sens ou dans l’autre.
En réalité, si vous les utilisez comme un des outils de base de vos décisions d’investissement, vous prendrez sûrement un train déjà en marche pour jouer la hausse. Et réciproquement, vous chercherez à enfoncer le cou dans l’hypothèse d’une consolidation.
Enfin, dans certaines configurations, l’utilisation unique de la moyenne peut grandement vous aider, surtout lorsqu’elle se stabilise horizontalement. Dans ce cas, elle pourrait faire l’objet de ligne de support ou de résistance à la condition que le cours de l’actif sous-jacent se situe sur des seuils clés à l’image des 20 000$ pour le Bitcoin.
Pour tout résumer, les moyennes mobiles tirent de ses avantages lorsque le cours de l’actif sous-jacent évolue dans une tendance. Néanmoins, elles perdent de son influence dans le cas d’un range ou d’un canal horizontal. Et concernant l’utilisation des types de moyennes mobiles, évitez d’être trop influencé par les MME qui peuvent prendre au dépourvu les investisseurs à travers de faux signaux tant à l’achat qu’à la vente. D’où l’importance que vous complétez votre analyse technique de moyennes mobiles par un ou deux autres indicateurs, comme le RSI et le MACD.