Analyser un projet crypto (partie 2) : le white paper

Chapitre IX Article d

Comme tout investissement spéculatif, investir dans un projet crypto est risqué. Entre le nombre de projets différents, la notoriété prise par l'écosystème ces deux dernières années et le nombre d'arnaques lié au manque de régulation, il est facile de tomber sur un projet dangereux. Que ce dernier soit une arnaque ou bien qu'il ne décolle pas, le résultat est le même vous aurez perdu tout ou partie de votre investissement. C'est pourquoi savoir analyser un projet crypto correctement est essentiel à tout investisseur de l'écosystème. Nous allons voir, dans cette série de quatre articles, les points les plus importants à vérifier quand vous découvrez un nouveau projet. La deuxième partie de cette série pour analyser un projet crypto portera sur le white paper fourni par le projet analysé.

La définition de l'utilité, le premier pas dans l'analyse du White Paper

Nous n'allons pas redéfinir ici ce qu'est un White Paper, si jamais vous n'avez jamais entendu ce terme, je vous conseille d'aller lire l'article dédié à l'explication du concept de ce dernier [Insérer lien vers article définitions d'un white paper]. Le White Paper est, dans le cadre d'analyses cryptos, la première chose qu'il faut étudier dans un projet après l'utilisation des réseaux sociaux. Celui-ci doit vous permettre de comprendre la vision du projet ainsi que les composantes techniques de ce dernier. Il faut, une fois la lecture terminée, savoir quel problème le projet veut solutionner, comment il compte y arriver, qui va s'en occuper et en combien de temps.

Le white paper doit permettre de comprendre le problème d'un projet crypto

C'est trivial. Un projet doit (normalement) apporter une solution à un problème existant.

Cela paraît évident, mais vous verrez qu'en vous posant la question, cela ne l'est pas forcément pour tout le monde ou même pour tous les projets. Comment réagiriez-vous si une start-up levait plusieurs millions de dollars sans proposer de solution à un problème ? Sans vous expliquer cette solution ? Vous parleriez sans doute d'arnaque.

Eh, bien ! L'écosystème crypto ne devrait pas déroger à la règle. Même un White Paper dit marketing doit vous donner envie d'acheter et donc doit apporter une solution à un problème que vous avez. Et vous avez sans doute déjà dû le voir. Ce n'est pas le cafés à chaque fois. Cela doit vous mettre en alerte. Quant aux White Papers techniques, comme celui de Bitcoin, on vous explique le problème et la solution, sans même essayer de vous vendre quelque chose. C'est pour cela que ce n'est pas ce genre de White Paper que nous allons étudier ici.

Nous nous concentrons sur les White Papers un peu plus marketing, car ceux-ci sont maintenant en majorité dans l'écosystème. Tout le monde veut faire son projet et lever des fonds pour le mener à bien, ce qui n'était pas le cas de Bitcoin. C'est parce que votre argent est convoité dans ces Whites Papers que nous allons les décortiquer afin de s'assurer que votre investissement est raisonné et raisonnable.

« Ce qui n'est point utile à l'essaim n'est point utile à l'abeille »

Montesquieu

Comment donc savoir si l'utilité est bien définie ? Personnellement, lors de mes analyses de projets cryptos, j'aime me poser deux séries de questions. La première concerne l'utilité du projet en elle-même :

  • Un problème est-il posé ? Evidemment, la base, sans problème, pas de solution à apporter, donc pas d'intérêt à développer un projet ;
  • Une solution est-elle envisagée ? Proposition de valeur, il faut vous donner quelque chose de tangible afin que vous décidiez d'investir. Imaginez un pneu crevé, dont on vous demande de payer la réparation, sauf que le pneu est toujours crevé. C'est la même chose ;
  • Cette solution profite-t-elle au plus grand nombre ? Vous vous doutez bien qu'un problème qui concerne 2 % de l'écosystème n'est pas un réel problème. Ainsi, une solution n'est pas vraiment nécessaire.

La deuxième série de questions que je me pose lors de l'analyse sur l'utilité d'un projet est un exercice bien connu d'identification d'un problème, il s'agit de l'exercice des 5 « Pourquoi ? ». Vous partez d'un constat et remontez le fil d'idées, en posant la question du « Pourquoi ? ». Exemple avec un projet qui pourrait ne pas fonctionner :

  • Pourquoi je veux investir dans ce projet ? Car je pense qu'il va fonctionner et donc j'y vois une opportunité ;
  • Pourquoi je pense qu'il va fonctionner ? Car je pense qu'il peut résoudre le problème posé dans le White Paper ;
  • Pourquoi je pense qu'il peut résoudre ce problème ? Car la solution apportée est innovante et peut bénéficier au plus grand nombre ;
  • Pourquoi la solution est-elle innovante ? Car c'est une solution jamais envisagée par le passé ;
  • Pourquoi cette solution n'a-t-elle jamais été envisagée ? Car après réflexion elle semble très compliquée voire impossible à mettre en place pour X ou Y raison.

Cela marche aussi évidemment avec un projet qui va fonctionner. Et parfois cela ne prend que 2 ou 3 « pourquoi », mais c'est réellement un exercice intéressant dans le cadre de l'analyse de l'utilité d'un projet.

La Roadmap ou comment analyser le délai proposé

Il est évident qu'un projet ne se construit pas du jour au lendemain. Seulement, pour développer un projet, on vous demandera souvent les fonds avant de commencer à construire pour rémunérer les équipes, payer le marketing et mettre en place les outils. Chacun jugera si cela est un problème ou pas. Toujours est-il que votre investissement pourra stagner pendant une durée indéterminée avant que le projet ne se lance et réussisse (ou pas) réellement.

C'est pour cela qu'une Roadmap (feuille de route) dans le White Paper est très importante pour rassurer les investisseurs, mais aussi pour poser des bases à suivre lors du développement du projet. C'est comme cela que fonctionnent également les entreprises de nos jours. On pose des jalons, ici et là, sur le développement de telle ou telle fonctionnalité. Encore une fois, notre écosystème ne doit pas déroger à la règle.

La Roadmap se doit d'être claire, mais également un minimum détaillée. Déjà, j'aurais tendance à vous dire que je préfère une Roadmap avec une date de fin. Evidemment, je ne suis pas dupe. Je sais qu'un projet change lors de son développement, que des jalons bougent, que des problèmes surviennent, mais il me semble important de savoir que l'équipe a défini un jalon final pour la mise en place du projet. J'aurai plus confiance si l'on me dit avoir du retard plutôt que si l'on me dit ne pas savoir quand le projet sera finalisé. J'aime aussi savoir s'il y a plusieurs phases d'investissement, si le développement commence en parallèle de ces dernières, si certaines fonctionnalités sortiront en parallèle du développement, et j'en passe.

roadmap du projet Ultra pour illustrer comment analyser un projet crypto
Exemple de Roadmap

La Roadmap d'un projet doit aussi être cohérente. Cela paraît évident, mais combien de gens tombent dans le panneau d'un roadmap trop belle pour être vraie ? Effectivement, nous n'avons pas tous les connaissances nécessaires pour connaître certaines choses, comme le temps de développement d'un jeu vidéo, le temps de développement d'une collection NFT, le temps nécessaire à tout un rendu 3D. Mais il suffit de se poser les bonnes questions : si une équipe de 4 personnes vous vend le développement d'un Play-To-Earn en 6 mois, avec des images en 3D, au-delà du côté peut-être intéressant de l'économie de leur jeu, pensez-vous réellement que 4 personnes vont vous sortir un jeu 3D avec des mécaniques d'économie de tokens stables en 6 mois ? Si c'était possible, ne pensez-vous pas que des gros noms, comme Ubisoft ou EA, s'y seraient déjà mis ? Ne pensez-vous pas que nous aurions un Assassin's Creed deux fois par an ? Non. Il faut prendre un peu de recul et rester réaliste quant à un délai de production, pour quoi que ce soit.

Introduction à la suite : les équipes et partenaires du projet

Ce paragraphe sera un peu plus court, car cette partie fait l'objet d'un article complet en partie 3 de ce sujet. Mais l'équipe étant généralement présentée dans le White Paper, un petit mot dessus ne peut pas faire de mal. En règle général, sur un White Paper que j'appelle marketing, l'équipe ainsi que les partenaires seront présentés. Sans parler des recherches approfondies qui seront détaillées dans la partie 3, certains points peuvent déjà vous aiguiller rapidement. La présentation inclut-elle des photos ? Un lien LinkedIn ? Présente-t-elle le parcours de chaque personne ? Y a-t-il un moyen de contact facile d'accès de cette équipe ? Beaucoup de facteurs qui, si absents, peuvent déjà indiquer un manque de transparence.

Cette deuxième partie s'achève ici. Vous avez pu voir ce qu'est un White Paper dans un autre article de l'Encyclopédie. Vous savez maintenant ce qu'il faut regarder en priorité dans ce White Paper. Evidemment, il peut y avoir d'autres informations disponibles, mais celles-ci sont les principales que je regarde lorsque j'analyse un projet crypto. Disons qu'avec l'utilité, couplée à la roadmap et à l'équipe projet, vous êtes déjà bien avancé dans l'étude du projet. Mais attention ! Certains White Papers sont très bien construits , tout en couvrant une arnaque. C'est pourquoi il faut derrière pousser l'analyse encore plus loin en creusant l'équipe du projet, sujet de la partie 3 de ce sujet.